" Apprendre à mieux comprendre les arbustes pour gagner du temps "
Pascal Favry, responsable d'équipe au sein du service des espaces verts de la ville de Rennes (35), explique comment il s'est approprié les nouvelles clefs de lecture des arbustes et comment il les a partagées avec le personnel pour améliorer les pratiques de gestion et la qualité paysagère des massifs. C'est la mise en pratique de la journée technique intitulée « crayon, sécateur ou mini-pelle, un nouveau regard sur les arbustes » organisée, le 9 octobre dernier, par Plante & Cité avec l'association Les Arbusticulteurs et la ville bretonne.
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Pascal Favry est arrivé à l'automne 2010 en tant que chef d'équipe sur un des secteurs est de la ville de Rennes, avec sous sa responsabilité 13 hectares comprenant un grand parc de 5,5 ha - celui de Maurepas -, les piedsd'arbres sur les boulevards, plusieurs petits squares, un groupe scolaire, un stade et ses abords et des aménagements d'accompagnement de bâtis, les jeux et le mobilier urbain des espaces verts. Le parc de Maurepas constitue le coeur du secteur. Inauguré en 1939, c'est l'un des premiers espaces verts de la cité bretonne aménagé dans un esprit « hygiéniste » avec de vastes pelouses accessibles au public et des zones propices aux activités de plein air. Sur ce site, les massifs d'arbustes représentent plus de 9 000 m2 ! L'essentiel de la palette végétale est constituée d'essences à feuillage persistant (laurier palme, Aucuba, laurier-tin, buis), complétées par une petite gamme d'arbustes fleuris.
- Embellir et rationaliser la gestion d'un parc. « En arrivant au sein de ce secteur, mon objectif prioritaire était d'embellir Maurepas avec des floraisons diversifiées et plus étalées dans le temps, principalement grâce à la plantation de vivaces et de nouveaux arbustes, mais aussi en mettant en valeur les qualités esthétiques de certains végétaux, parfois "noyés" dans la masse. Il s'agissait aussi de faire évoluer nos pratiques d'entretien dans un souci d'efficacité et de rationalisation, les contraintes économiques de ces dernières années ayant conduit à une augmentation des surfaces à gérer sur l'ensemble de la ville avec des effectifs constants. La question de la gestion des massifs arbustifs se trouvait de ce fait au coeur de ma réflexion », explique Pascal Favry. Lorsque Rennes décide de s'associer à Plante & Cité et aux Arbusticulteurs pour organiser une journée technique consacrée aux arbustes, Bertrand Martin, directeur de l'exploitation, lui propose de mettre en place des sites de démonstration sur son secteur dès l'automne 2013, afin de préparer la visite de terrain.
- Des outils pour mieux tirer parti des potentialités esthétiques des arbustes. « J'ai saisi cette opportunité sans hésiter, car j'avais compris que les pratiques que nous avions, tout en étant qualitatives, n'étaient pas forcément les plus performantes ni les plus respectueuses des qualités esthétiques du végétal. Jusqu'en 2013, nous réalisions de façon un peu systématique sur l'ensemble des arbustes, deux tailles par an (printanière et hivernale), au sécateur ou à la scie égoïne. Une approche individu par individu pour que chaque sujet « reste à sa place », un travail qui était incontournable du fait de la densité de plantation. Ces pratiques avaient pour conséquence de devoir gérer de grandes quantités de déchets, une tâche aussi importante (en temps passé) que les opérations de taille. Un ensemble de travaux "consommateurs" de main-d'oeuvre et présentant une pénibilité assez importante. »
Dès le début de la préparation de la journée technique, Pascal Favry a participé aux réunions organisées par les Arbusticulteurs. Grâce aux documents de travail proposés par l'association et aux échanges sur le terrain, il a découvert les modes de ramification et de floraison des arbustes, ainsi que les démarches de gestion raisonnée et différenciée des massifs. « Il m'a fallu apprivoiser ces nouvelles connaissances, ce qui a demandé un certain investissement personnel et la remise en cause de ce que j'avais appris par le passé. Afin de pouvoir transmettre efficacement ce nouveau savoir à mes collègues, je me suis d'abord investi seul dans cette démarche. Au bout d'un an, considérant que j'avais bien appréhendé les éléments, j'ai commencé à travailler avec les jardiniers de mon équipe. Après une présentation théorique d'une demi-journée, nous sommes allés sur le terrain pour concrétiser les choses. Globalement, les agents n'ont pas éprouvé de difficultés à comprendre l'architecture des arbustes, les types de ramification et les impacts que cela avait sur leur façon de coloniser l'espace. J'avais commencé à mettre en place les sites de démonstration pour la journée technique, avec des opérations d'éclaircie, de recépage, d'arrachage, de taille de sélection... Et nous avons poursuivi sur d'autres massifs en permettant aux jardiniers de s'approprier concrètement cette nouvelle approche. »
- « Perdre » un peu de temps pour pouvoir en gagner ultérieurement. Pascal Favry considère qu'une phase d'échanges et de réalisation de cas concrets in situ était indispensable pour permettre une bonne compréhension de la part de tous, en laissant le droit à l'erreur s'exprimer, car il a aussi une valeur démonstrative intéressante. « Il fallait prendre ce temps pour favoriser l'appropriation et l'adhésion de chacun. Un temps qui sera sans nul douteregagné à l'avenir du fait que désormais nous n'opérons plus qu'une taille par an en moyenne, plus légère et sur un nombre plus réduit d'arbustes. Nous nous donnons de trois à cinq ans pour mettre en oeuvre cette gestion raisonnée sur l'ensemble de notre secteur. »
En 2016, Pascal Favry souhaite que ses agents puissent tous bénéficier de la formation sur la taille raisonnée des arbustes qu'il a lui-même suivie en 2015 avec Jac Boutaud, formateur spécialiste de la gestion des arbres et des arbustes.
Yaël Haddad
Travaux de taille menés sur Lonicera au coeur du parc de Maurepas, qui s'étend sur 5,5 hectares et constitue l'espace vert incontournable d'un des secteurs de l'est de la ville bretonne. PHOTO : VILLE DE RENNES
Ci-dessus, l'arrachage de plusieurs arbustes (notamment des lauriers palmes) a permis de laisser s'exprimer d'autres sujets plus intéressants sur le plan esthétique. PHOTO : VILLE DE RENNES
Ci-dessus, l'arrachage de plusieurs arbustes (notamment des lauriers palmes) a permis de laisser s'exprimer d'autres sujets plus intéressants sur le plan esthétique. PHOTO : VILLE DE RENNES
Dans ce massif, les Lonicera nitida ont été recepés pour permettre une dédensification de l'ensemble. PHOTO : VILLE DE RENNES
Ce Cotoneaster franchetii isolé est mis en valeur par une légère taille de formation. PHOTO : VILLE DE RENNES
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